Retour sur la conférence « Mieux vivre ensemble dans les villes »

Retour sur la conférence « Mieux vivre ensemble dans les villes »

 

Mercredi 15 mai 2024, le COSE (Comité d’Organisation Servir Ensemble) a eu le plaisir d’organiser une conférence mémorable dans le cadre du colloque international « Le vivre-ensemble – Entre utopie et réalité, le penser et le mettre en œuvre dans nos sociétés contemporaines ». En partenariat avec la Mairie de Saint-Denis ainsi que les laboratoires LCF (Laboratoire sur les espaces Créoles et Francophones) et DIRE (Déplacements, Identités, Regards, Écritures) de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de La Réunion, cet événement a réuni deux intervenants d’exception.

Bob White, université de Montréal au Québec

La communication de Bob White visait à démontrer comment les municipalités utilisent la notion polysémique du vivre-ensemble pour promouvoir la paix et la cohésion sociale dans des contextes urbains diversifiés.
Bien que critiquée pour son utilisation politique et son manque de précision, la notion de vivre-ensemble fait l’objet d’un intérêt croissant et planétaire. Elle permet une large application pratique dans la gouvernance locale et devient aujourd’hui cruciale pour les élus et les fonctionnaires municipaux cherchant à relever les défis de la reconnaissance et de l’inclusion des différences culturelles sur leur territoire.
Comme l’a expliqué l’anthropologue, l’application politique du vivre-ensemble conduit à un paradoxe pour les décideurs : nommer les différences culturelles au sein des communautés urbaines diversifiées peut renforcer les préjugés existants, tandis que ne pas les nommer peut être source de critiques, les spécificités n’étant pas prises en compte. Ce dilemme constitue alors un défi majeur.
Les stratégies municipales de vivre-ensemble prennent des formes diverses et variées suivant les mandats et la volonté des élus, allant de sommets organisés ponctuellement afin de réunir l’ensemble des acteurs publics et scientifiques, jusqu’aux consultations citoyennes visant à mobiliser les communautés locales, en passant par des déclarations et chartes impulsant des dynamiques partenariales.
La conférence a également mis en exergue l’importance des réseaux de coopération inter-municipale. L’Observatoire international des maires sur le vivre-ensemble fait figure d’exemple de réseau politique, visant à partager des bonnes pratiques et des dispositifs efficaces. Cette démarche se retrouve également au sein du Réseau des municipalités en immigration et en relations interculturelles du Québec, axé sur l’apprentissage entre pairs à l’échelle régionale. Enfin, le programme de la Cité interculturelle du Conseil de l’Europe réunit plus de 140 municipalités et offre un soutien technique ainsi que des indicateurs pour évaluer et améliorer les politiques locales.
Justement, pour évaluer les politiques de vivre-ensemble, Bob White a mis au point un modèle simple (dit « 3D ») basé sur trois composantes : la reconnaissance de la diversité, la lutte contre la discrimination et le rapprochement par le dialogue. Cette grille d’analyse aide les élus à encadrer leur approche complémentariste du vivre-ensemble de manière cohérente et efficace.
En somme, l’ensemble de ces travaux illustre que les initiatives de vivre-ensemble peuvent significativement renforcer la paix sociale et la cohésion communautaire à travers le monde.

Abhijit Karkun, enseignant-chercheur à l'université Jawaharlal Nehru en Inde

Lors de sa communication, plusieurs thèmes ont été abordés par Abhijit Karkun, notamment l’interculturalité, l’éducation, la paix et le développement durable, le tout en lien avec la promotion et l’application du vivre-ensemble.
Le chercheur a commencé par souligner l’importance de partager des valeurs communes pour favoriser le vivre-ensemble. Il a insisté sur le rôle crucial de l’interculturalité dans la promotion de la paix, un axe important pour les études de la paix, notamment dans le cadre des recherches menées par l’ARIC (Association internationale pour la Recherche InterCulturelle) dont il est membre. Selon lui, il est de notre devoir et de notre responsabilité sociale de contribuer à des contextes sociaux harmonieux, à commencer par nos interactions quotidiennes.
Le chercheur a établi un lien étroit entre l’interculturalité, la paix et le système éducatif en Inde, soulignant l’importance d’enseigner des valeurs humaines aux enfants, une approche connue sous le nom de « Value-based education » (éducation à base de valeurs humaines). Critiquant la qualité de l’apprentissage et de la communication chez les jeunes, ses travaux appellent à une réflexion sur la manière de revitaliser des traditions anciennes comme celles de Rabindranath Tagore (prônant l’harmonie avec la nature et une spiritualité inclusive) ou encore la non-violence prônée par Mahatma Gandhi. Selon lui, les valeurs les plus simples, telles que le respect ou la politesse, sont essentielles et doivent être intégrées dans les programmes éducatifs modernes pour créer une nouvelle synergie.
Pour clore sa communication, Abhijit Karkun a cité quelques Objectifs de Développement Durable (ODD) lancés par l’ONU, rappelant la nécessité de travailler collectivement pour les atteindre. Parmi ceux-ci, il a mentionné l’accès à l’éducation, la réduction des inégalités, la construction de sociétés inclusives et durables ainsi que la promotion de la paix, de la justice et de l’efficacité des institutions. La réalisation de ces objectifs requiert néanmoins des partenariats solides et une action concertée à tous les niveaux de la société, des communautés locales aux administrations.
Ces apports contribuent à atteindre et propager la paix en encourageant une éducation basée sur des valeurs humaines et en promouvant des actions locales de convivialité et de respect, créant ainsi des sociétés harmonieuses.

Le moment de discussion suivant les communications a été riche en échanges et en débats, permettant de mieux comprendre les enjeux du vivre-ensemble à La Réunion et ailleurs. Les discussions ont ainsi mis en lumière les défis et les opportunités liés à la diversité culturelle dans notre société insulaire. En effet, les intervenants ont souligné que la diversité, bien que source de richesse, présente également des défis en termes d'intégration et de cohésion sociale. Les participants ont pu échanger sur les meilleures pratiques pour promouvoir le respect et l'inclusion de toutes les cultures présentes sur l'île. De nombreux témoignages ont illustré l'importance de l'éducation et de la sensibilisation dès le plus jeune âge pour inculquer des valeurs de tolérance et de respect mutuel. Les débats ont également abordé les initiatives locales qui favorisent la solidarité et la coopération entre les différentes communautés, montrant que l'engagement de chacun est crucial pour construire une société plus harmonieuse. En somme, ce moment de discussion a été une véritable opportunité de partage et d'apprentissage, renforçant la détermination du COSE à œuvrer pour un avenir où le vivre-ensemble est au cœur de notre société.

Un immense merci aux communicants pour leurs apports, aux partenaires pour leur soutien précieux et à tous les participants venus assister à cette conférence. Votre présence et vos contributions ont été essentielles à la réussite de cet événement !

Continuons ensemble avec le COSE à promouvoir les valeurs de respect, de diversité et de solidarité qui nous sont chères !

 

 

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